Les origines de la fête des pères : histoire et traditions à travers le monde
Une célébration universelle, des origines multiples
La fête des pères est aujourd’hui célébrée dans de nombreux pays à travers le monde, souvent avec des cadeaux, des attentions particulières et des moments partagés en famille. Mais si cette fête semble désormais évidente dans nos calendriers, ses origines sont en réalité variées et riches de significations culturelles. Remonter aux sources de cette célébration permet de mieux comprendre ses différences, son évolution et sa symbolique.
Des racines anciennes dans la tradition chrétienne
L’une des premières traces historiques d’une célébration dédiée aux pères remonte au Moyen Âge, dans la tradition catholique. Le 19 mars, jour de la Saint-Joseph, le père adoptif de Jésus, est célébré comme un modèle de père aimant et protecteur. Cette journée, toujours fêtée dans des pays à forte tradition catholique comme l’Italie, l’Espagne ou le Portugal, est souvent l’occasion d’honorer les pères avec des messes, des repas traditionnels et parfois des petits cadeaux faits par les enfants.
Saint Joseph est souvent considéré comme le patron des pères de famille, ce qui explique la place symbolique qu’il occupe dans cette fête. Néanmoins, cette célébration religieuse n’a pas donné naissance immédiatement à la fête des pères moderne telle qu’on la connaît aujourd’hui dans de nombreux pays occidentaux.
La genèse de la fête des pères moderne aux États-Unis
La version contemporaine de la fête des pères trouve son origine aux États-Unis, au début du XXe siècle. L’idée serait née en 1909 à Spokane, dans l’État de Washington, sous l’impulsion de Sonora Smart Dodd. Inspirée par la fête des mères, qui s’était déjà largement implantée, elle souhaitait rendre hommage à son propre père, un ancien combattant de la guerre de Sécession qui avait élevé seul ses six enfants après la mort de sa femme.
La première célébration officielle eut lieu le 19 juin 1910. Bien qu’elle ait rencontré des réticences initiales — certains considéraient qu’il s’agissait d’une simple imitation de la fête des mères — elle gagna en popularité au fil des décennies. Ce n’est qu’en 1972 que le président Richard Nixon lui donna une reconnaissance officielle en instaurant la fête des pères comme jour férié national, célébré chaque troisième dimanche de juin.
L’adoption de la fête des pères en France
En France, la fête des pères a été introduite beaucoup plus tard, en 1952. Contrairement aux États-Unis, son origine est davantage liée à une initiative commerciale qu’à un mouvement social ou religieux. C’est la marque de briquets Flaminaire qui lança cette idée pour des raisons promotionnelles, incitant les enfants à offrir un briquet à leur père en signe d’affection. La campagne publicitaire rencontra un grand succès et l’idée d’une journée consacrée aux pères se répandit rapidement dans l’Hexagone.
La fête fut alors instituée le troisième dimanche de juin, comme aux États-Unis. Elle est aujourd’hui l’occasion pour les enfants (souvent aidés par leur mère ou leur école) d’offrir des cadeaux, poèmes ou petits objets faits main à leur papa.
Des traditions variées selon les cultures
À travers le monde, la fête des pères est célébrée de manière très diverse, tant au niveau des dates que des coutumes associées :
- Allemagne : La fête des pères, appelée « Vatertag », coïncide avec la fête de l’Ascension, quarante jours après Pâques. Elle est célébrée de manière originale, souvent par des balades entre hommes (« Herrentag ») accompagnées de boissons et de pique-niques en pleine nature. Ce jour est aussi férié.
- Thaïlande : La fête des pères est célébrée le 5 décembre, date d’anniversaire du roi défunt Bhumibol Adulyadej, considéré comme le père de la nation. Les Thaïlandais portent des vêtements jaunes (couleur associée au roi) et rendent hommage aussi bien à leurs pères qu’au monarque disparu.
- Mexique : Le « Día del Padre » est également célébré le troisième dimanche de juin. Ce jour est marqué par des réunions familiales, des repas copieux et des démonstrations d’affection envers les pères, similaires à celles observées dans les pays occidentaux.
- Corée du Sud : Fait intéressant, la Corée célèbre à la fois les mères et les pères le même jour : le 8 mai, lors du « Parent’s Day ». Ce jour est l’occasion pour les enfants de remercier les deux parents en leur remettant souvent un œillet rouge.
- Russie : Plutôt qu’une fête des pères à proprement parler, la Russie commémore chaque 23 février la « Journée du Défenseur de la Patrie », dédiée aux anciens combattants. Elle est progressivement devenue aussi une fête informelle des hommes et des pères.
Un reflet des liens familiaux et sociaux
Derrière la fête des pères, il y a plus qu’une simple occasion de faire plaisir à son père. Elle reflète en réalité la place que la société accorde aux figures paternelles et aux rôles parentaux. Si la fête des mères a souvent été marquée par une reconnaissance du rôle nourricier de la mère, celle des pères met en valeur leur engagement affectif, éducatif et protecteur.
La manière dont cette fête est célébrée varie aussi en fonction des évolutions sociales : alors que traditionnellement, le rôle du père était cantonné à celui de pourvoyeur économique, les pères modernes sont de plus en plus impliqués dans l’éducation, la vie quotidienne et les soins aux enfants. Cette transformation influe directement sur la façon dont la fête est perçue et vécue.
Des gestes simples mais pleins de sens
Au-delà des cadeaux matériels, la fête des pères est surtout l’occasion d’exprimer de la gratitude, de l’amour et parfois de renouer le dialogue. Une lettre, un dessin d’enfant, un repas préparé à la maison ou simplement un moment passé ensemble peuvent suffire à rendre cette journée particulière.
Et si l’aspect commercial de la fête peut parfois être critiqué, il n’en reste pas moins que nombreuses sont les personnes qui saisissent cette opportunité pour honorer le lien complexe, mais essentiel, qui unit un enfant à son père. Le simple fait d’y consacrer un jour dans l’année participe à renforcer cette reconnaissance, souvent silencieuse au quotidien.